Bobby HOLCOMB


Bobby Holcomb est né en 1947 à Honolulu à Hawaii dans l'île de Oahu, d'un père noir originaire de l'État américain de Géorgie et d'une Hawaiienne mi-portugaise, et décédé le 15 février 1991 à Huahine, Polynésie française. Il est un des artistes les plus renommés de Polynésie française.

Enfance

Il passe une bonne partie de son enfance à faire des claquettes dans les décombres de Pearl Harbor. À l'âge de 11 ans, il rentre à la School of music and danse de Los Angeles près du ghetto noir de Watts. Personnalité hors du commun de la musique et de la peinture durant les années 1970 et 1980. Doué pour la danse, la peinture, le chant et la composition musicale, l'artiste s'exprime dans un premier temps, avec une force égale dans chacun de ces domaines. Il évolue aux États-Unis auprès de Frank Zappa, en Europe auprès de Salvador Dali et participe aux groupes pop français tels que Zig Zag Community et Johane of Arch qu'il a créé avec des musiciens tels que Sylvain Duplant (Alice), Jean-Pierre Auffredo (Alice), Éric Estève.

Arrivée et implication en Polynésie française

Bobby arrive à Tahiti en 1976 et décide rapidement de s'installer dans le village de Maeva à Huahine. Il s'investira dans la renaissance et l'éveil culturel du peuple Maohi, au sein du "pupu Arioi " groupe de troubadours, intellectuels polynésiens inspiré par le mouvement de 68. Ce mouvement de renaissance culturel sera composé de personnalités telles que Henri Hiro, Rigobert Temanupaiura, John Mairai, Coco Hotahota, Vaihere et Heipua Bordes. Chacun dans son domaine culturel, le théâtre, la poésie, la médecine traditionnelle, l'art de la danse, la peinture, le chant, s'investira pour redonner la fierté d'être Maohi. Ce mouvement Identitaire auquel participe Bobby, est une révolution culturelle, car elle dénonce la colonisation française, les essais nucléaires, l'évangélisation, pour valoriser l'identité Ma'ohi sa langue, son savoir faire, son agriculture sa spiritualité... entre autres.

Musique

Pour ce qui est de la musique, Bobby enregistra d'abord au studio Arevareva, notamment la pièce "Bobby's House" sortie aussi en cassette sur laquelle il reprit avec Maire Tavaearii la vieille chanson de Joséphine Baker, l'adaptant pour la tourner en « J'ai deux amours : mon pays c'est la Polynésie ». C'est en 1985 qu'il perça auprès du grand public après avoir remporté avec "Orio" le concours de chant organisé par François Nanai. Ceci lui valut un contrat avec la société Océane Production, et sa popularité devint alors telle qu'il remporta haut la main le titre de "Homme de l'Année 1990" selon le vote des auditeurs de RFO et des lecteurs de La Dépêche. Son score à cette élection sera plus élevé que de nombreux hommes politiques. C'est ainsi que certains ministres tenteront de le faire expulser de la Polynésie Française, mais n'obtiendront pas la majorité au sein du conseil de ministre, pour exécuter l'expulsion. Bobby Holcomb restera jusqu'à sa mort un citoyen américain. Il refusera la citoyenneté française en signe de protestation contre les essais nucléaires, ainsi que le colonialisme français en Polynésie. Il aurait souhaité appartenir à un triangle polynésien, te moana nui a hiva, libre et indépendant. Malheureusement, ce triangle polynésien qui regroupe sur un vaste territoire le peuple ma'ohi, allant de Hawaï, à la Nouvelle-Zélande jusqu'à l'Île de Paques, ce territoire a été divisé par les puissances coloniales, anglaises, américaines, françaises, chiliennes, entre autres.

Son succès musical est lié au fait qu'il a su mixer la musique Reggae aux mélodies tahitiennes, en s'exprimant dans la langue Ma'ohi. Mais surtout qu'il a su faire passer des messages relatifs à l'environnement, l'amour du prochain, le savoir-être ma'ohi, le respect de dieux originaires.

Ami de l'artiste peintre Vaea Sylvain, c'est en Polynésie française que son expression graphique lui permettra d'atteindre une notoriété particulière et incontestable peu avant sa disparition le 15 février 1991 des suites d'un cancer des lymphes. Sa tombe se trouve à la base de la montagne sacrée Mou'a Tapu, à Huahine. Avec Barthélemy et Angelo, il est considéré comme un des artistes polynésiens les plus populaires. Il représente toujours un mythe pour de nombreux polynésiens.

Chansons à succès

D'après les informations relatées sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bobby_Holcomb

Article de Tahiti Pacifique


Tahiti-Pacifique n°119, mars 2001

Voici 10 ans disparaissait un génie :


Bobby Holcomb

Bobby Holcomb aurait eu 54 ans aujourd'hui si une longue maladie ne l'avait emporté le vendredi 15 février 1991 à Huahine. Dix ans après sa disparition, l'évocation de son seul prénom reste toujours synonyme d'un style original de la musique et de la peinture polynésiennes des années 80. Bobby était alors le symbole d'un véritable renouveau culturel et depuis ses peintures et ses chansons sont entrées de plein pied dans le patrimoine polynésien.

Né en 1947 a Hawaii, dans l'île de Oahu, d'un père noir originaire de l'Etat américain de Géorgie et d'une Hawaiienne mi-portugaise, Bobby s'intéressera très tôt aux légendes des îles du Pacifique et à l'art sous toutes ses formes. Ses dons pour la musique et la peinture, c'est en parcourant le monde qu'il les perfectionna à travers des rencontres avec d'autres artistes de renom dont Dali pour l'art pictural et Franck Zappa pour la musique.

Bobby arrive à Tahiti en 1976 et décide rapidement de s'installer dans le village de Maeva à Huahine. Là il deviendra vite une célébrité locale, tant par son ouverture d'esprit que pour son intégration forcenée dans la culture tahitienne, dans laquelle il retrouva toute la dignité d'un peuple que Hawaii avait perdue des décennies auparavant. Homme au visage souriant et au regard doux, son style devint désormais invariable : short et savates, chemise pareu, un chapeau niau entouré d'une couronne de fleur vissé sur la tête et un panier niau coincé sur les épaules, il avait adopté l'uniforme du Tahitien de milieu rural et îlien. Seuls ses cheveux tressés style "rasta" le différenciait et lui donnait un air de dieu polynésien sorti tout droit d'une légende, style qui est d'ailleurs depuis et toujours devenu le "must" du jeune Tahitien genre "hombo" qui soigne sa "polynésiennité".

Son succès musical est basé sur deux fondations : la réussite d'avoir su "mixer" la musique "Reggae" aux mélodies tahitiennes, et le fait d'avoir appris le reo ma'ohi, tel que la langue tahitienne commençait alors à être appelée.

Entre Bobby et la Polynésie commença alors une belle histoire d'amour, celle d'un artiste pour une culture, celle d'un homme pour un peuple. A Huahine ou à Tahiti, il partagea les révoltes d'une population tahitienne qui avait du mal à entrer dans le "monde moderne". Il milita contre les essais nucléaires et lança des campagnes contre la pollution tout en prônant un retour aux racines, utilisant des clips vidéo de ses chansons pour mieux faire passer les messages. Mais c'est surtout sur le plan culturel que son impact sera le plus important, en particulier au niveau des jeunes. A Huahine sa maison était ouverte à tous. Il écouta les Polynésiens qui venaient le voir, ce qui lui permit de perfectionner son reo ma'ohi. Sa générosité naturelle, sa bonne humeur perpétuelle s'inscrivaient tout à fait dans la tradition polynésienne.

« C'est vrai qu'à Tahiti on aime Bobby, doux avec les petits, toujours souriant, vêtu très simplement, intelligent dans ses propos, maniant avec élégance la langue française, avec volonté et sympathie la langue tahitienne. On l'accueille un peu comme un cousin, un parent qui aurait séjourné longtemps à l'étranger mais qui fait partie de la grande famille polynésienne, puisqu'il le dit et puisqu'il ressemble aux gens de ce pays » écrivit en 1992 son ami le professeur Bruno Saura, qui le comprenait d'autant mieux qu'il avait lui-même vécu la même immersion dans le monde tahitien que Bobby.

Pour ce qui est de la musique, Bobby enregistra d'abord au studio Arevareva, notamment la pièce "Bobby's House" sortie aussi en cassette sur laquelle il reprit avec Maire Tavaearii la vieille chanson de Joséphine Baker, l'adaptant pour la tourner en « J'ai deux amours : mon pays c'est la Polynésie ». C'est en 1985 qu'il perça auprès du grand public après avoir remporté avec "Orio" le concours de chant organisé par François Nanai. Ceci lui valut un contrat avec la société Océane Production, et sa popularité devint alors telle qu'il remporta haut la main le titre de "Homme de l'Année 1990" selon le vote des auditeurs de RFO et des lecteurs de La Dépêche. A ce sujet, on se souviendra avec tristesse de quelques commentaires désobligeants publiés par de soi-disant "phares culturels" de l'époque.

Mais l'autre fantastique facette des dons de Bobby était sa peinture, si originale et tellement porteuse d'une immense sensibilité. Le miracle a fait que les tableaux de cet immigré hawaiien fou de Tahiti sont devenus la seule source d'illustration pour les nombreuses et magnifiques légendes tahitiennes. Rien que pour cela, Bobby devrait être élevé au rang de grand officier de l'Ordre de Tahiti NuiÉ Mais le connaissant, c'est une décoration qu'il aurait de toute manière refusée !

Alex W. du Prel

Photos : archives Tahiti-Pacifique



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